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Affichage des articles du avril, 2018

Coquelicot ~ Gabrielle Burel

Coquelicot Caché dans les blés toujours de rouge vêtu tout droit comme un i ondoyant au gré du vent la robe à peine froissée Gabrielle Burel Tanka des champs sur Atelier Tanka fb  & Carnets de Chemins Page fb de Chantal Mignot Merci :) 30/04/2018

L;Angélus ~ Gabrielle Burel

L’angélus (de JF Millet) Paysans dévots recueillis dans la prière à l’appel des cloches rectitude vers le ciel qu’ils abreuvent de souffrance Gabrielle Burel

Norge

EN VOUS-MËME Rentrez en vous-même disait Alfred. Mais Jules protestait: j'aime la surface, moi, la profondeur des mers ne m'intéresse pas et mon contentement, c'est le soleil sur la vague, le reflet du rivage, un peu d'écume. D'ailleurs, en moi-même, il fait sinistre, il n'y a personne. QUOI OU QU'EST-CE? Stéphane pose toujours des questions embarrassantes. On connaît ça: c'est pour empêcher qu'on lui en pose. On réfléchit, on essaie de trouver, on peine sur des explications. Pendant ce temps-là, Stéphane peut cueillir une marguerite, écouter un merle, allumer un feu de bois. Il n'écoute pas; il déteste les réponses; il déteste les questions.... POUR L'ODEUR Encore des idées! on en avait déjà, dit Claude au visiteur qui se lissait la barbe. - Les miennes sont les vraies, jeune homme, il faut les croire. - Monsieur, lui répond Claude, avec tous mes respects, vous n'en auriez pas une, ô seule et même fausse, mais qui sache sourire et

Georges Perros

GEORGES PERROS ( 1923-1978) "J'habite près de mon silence." et "Papiers collés" “Pour remplacer tous les amours que je n'aurai jamais et ceux que je pourrais avoir j'écris Pour endiguer le flux reflux d'un temps que sillonne l'absence et que mon corps ne peut tromper j'écris Pour graver en mémoire courte ce qui défait mes jours et nuits rêve réel, réel rêvé J'écris.“ "L'amour c'est le corps qui s'émeut en même temps que l'intelligence, que la connaissance, et la bat de vitesse, quoique enrichi par elle, si bien qu'elle ignore si elle est vaincue ou séduite." "Nous fabriquons du souvenir." " L'habitude, c'est l'animal en nous."

Boris Pasternak

" Ma honte croît avec le temps Lorsque je vois en ces jours blêmes Appeler chant Un mal suprême. Ce tapage dont on farcit La tête quand tout un pays Vomit les livres et se jette Sur pique et baïonnette, Tout ce tapage, est-il décent De l'appeler un chant ? " Boris Pasternak in Haute Maladie

Robert Momeux

« Il faut bien vivre avec sa peine Et chanter le malheur et l’amour et le temps La joie on la connait assez C’est elle qui frotte les étoiles du ciel Pour qu’un bout de nuit reste encore allumé. » Robert Momeux

Apollinaire

l' adieu J'ai cueilli ce brin de bruyère L'automne est morte souviens-t'-en Nous ne nous verrons plus sur terre Odeur du temps brin de bruyère Et souviens-toi que je t'attends Guillaume APOLLINAIRE

Michel Butor

MICHEL BUTOR Reflets Sur les verres les ongles peints la lampe les yeux des enfants le museau du chien sur la table le feu dans l'âtre les bouteilles l'écran de la télévision par la fenêtre irisations des vagues et nuages les phares des voitures sur les vitrines Sur la bouteille les visages les baisers des lèvres aux verres le rubis des vins les cheveux répons des vagues et voitures duos des nuages et vitrines émaux écailles et ferrures les yeux dans l'ombre les bijoux les nappes et l'argenterie Sur les fenêtres les rayons bulles et glaçons dans les verres la bouteille du népenthès clé de souvenir et d'oubli le fourmillement des voitures nuages de réverbération araignées de fils électriques yeux lumineux dans les vitrines Sur les vitrines les passants les nuages de foule affairée les yeux rivés sur les voitures les verres sur les guéridons les étiquettes des bouteilles les ruisseaux le long des trottoirs fenêtres battues par la pluie

Réflexion... Emil Cioran

« Le plus grand service qu'on puisse rendre à un auteur est de lui interdire de travailler pendant un certain temps. Des tyrannies de courte durée seraient nécessaires, qui s'emploieraient à suspendre toute activité intellectuelle. La liberté d'expression sans interruption aucune expose les talents à un péril mortel, elle les oblige à se dépenser au-delà de leurs ressources et les empêche de stocker des sensations et des expériences. La liberté sans limites est un attentat contre l'esprit. » Emil CIORAN - De l'inconvénient d'être né , 1973

Les mots ~ Gabrielle Burel

Un mot attire un autre mot Ils s'étalent et s'étirent paresseusement Comme chat au soleil ... Gabrielle Burel 21 04 2018

Louis Aragon

Louis Aragon, J 'étais allé si loin dans la mer (Extrait de Celui qui dit les choses sans rien dire) J’étais allé si loin dans la mer que je me pris pour une barque J’avais si bien couru le vent que j’étais feuille de micocoulier J’avais tant aimé l’amour que je m’étais égaré par les îles Je ne savais plus où donner de la tête avec ce parfum térébrant des térébinthes En un mot c’était un temps d’aubépine et de caroubes Je me suis assis dans la lumière ainsi qu’un disciple perdu          A si j’avais pu peindre seulement un tout petit oiseau        Si j’avais pu peindre une bouche Un cheval pie ou mes souliers N’importe quoi même une mouche Si j’avais pu (Carnets de poésies)

Hamou Belhalfaoui

+ 2018 Hamou Belhalfaoui La matriochka    Connaissez-vous ces poupées russes, les unes emboîtées dans les autres, chacune enfantée par la précédente pour constituer un bibelot: la matriochka?    Ainsi m´apparaît  le chef-d`oeuvre: un bourgeonnement multiple et toujours à redécouvrir.    La plus belle oeuvre d´art, immortellement vierge, est mélodieuse sous tous ses angles.    Comme la matriochka. elle contient en elle plusiers images qui s´interpénètrent infiniment.    L´oeuvre parfaite  s´évolue avec l`homme.    Elle charme son enfance par la première matriochka. Elle passionne sa maturité par la troisième matriochka.    Elle l´accompagne encore, au chevet de sa mort, par la dernière matriochka.    Elle plaît à tous, à l´ouvrier et à l´intellectuel, au flégmatique et à l´irascible. à l´homme, à la femme et à l´enfant.    Elle est de tous les temps. Copyright © H. Belhalfaoui poème tiré de "Soleil vertical" 2002

Emily Brontë

Emily Brontë La Terre ne t'inspirerait plus O rêveuse solitaire ? Si la passion trahit, la Nature Cessera-t-elle d'incliner ? Ton esprit toujours s'avance Dans des régions pour toi obscures Révoque sa vaine errance - Reviens demeurer avec moi. Je sais que mes brises sauvages T'enchantent encore et t'apaisent. Je sais que mon soleil te charme Malgré ta volonté rebelle.  Quand le jour dans le soir se fond Et sombre au ciel de l'été, J'ai vu, en une tendre adoration Ton esprit se prosterner Je t'ai guettée à toute heure. Je sais mon puissant empire Je sais mon magique pouvoir De chasser tes chagrins. Peu de cœurs parmi les mortels Sur terre languissent aussi fort Mais nul ne désire autant un Ciel Plus semblable à cette Terre. Alors laisse mes vents te caresser - Accepte-moi pour compagne. Puisque rien d'autre ne peut te combler Reviens demeurer avec moi.

Rutebeuf

Que sont mes amis devenus Que j'avais de si près tenus Et tant aimés Ils ont été trop clairsemés Je crois le vent les a ôtés L'amour est morte Ce sont amis que vent me porte Et il ventait devant ma porte Les emporta Avec le temps qu'arbre défeuille Quand il ne reste en branche feuille Qui n'aille à terre Avec pauvreté qui m'atterre Qui de partout me fait la guerre Au temps d'hiver Ne convient pas que vous raconte Comment je me suis mis à honte En quelle manière Que sont mes amis devenus Que j'avais de si près tenus Et tant aimés Ils ont été trop clairsemés Je crois le vent les a ôtés L'amour est morte Le mal ne sait pas seul venir Tout ce qui m'était à venir M'est advenu Pauvre sens et pauvre mémoire M'a Dieu donné, le roi de gloire Et pauvre rente Et froid au cul quand bise vente Le vent me vient, le vent m'évente L'amour est morte Ce sont amis que vent emporte Et il ventait devant ma porte Les empo

Chateaubriand

Nuit de printemps . Le ciel est pur, la lune sans nuage: Déjà la nuit au calice des fleurs verse la perle et l’ambre de ses pleurs; aucun zéphyr n’agite le feuillage. sous un berceau , tranquillement assis, où le lilas flotte et pend sur sa tête, je sens couler mes pensées rafraîchis dans les parfums que la nature apprête. Des bois dont l’ombre, en ces près blanchissants, avec lenteur se dessine et repose, deux rossignols, jaloux de leurs accents, vont tour à tour réveiller le printemps qui sommeillait sous ces touffes de roses. Mélodieux, solitaire jusqu’à mon coeur vous portez votre  paix! Des près aussi traversant le silence, j’entends au loin vers ce riant séjour, la voix du chien qui gronde et veille autour de l’humble toit qu’habite l’innocence. Mais quoi ! Déjà , belle nuit, je te perds! Parmi les cieux à l’aurore entrouverts, Phébé n’a plus que des clartés mourantes, et le Zéphyr, en rasant le verger, de  l’orient, avec un bru

Rafael de Leon

Rafael de Leon - Petite ballade des trois poignards J'ai acheté trois poignards pour que tu me donnes la mort... Le premier, Indifférence, est un sourire qui va et vient et s'enfonce dans la chair comme une rose de neige. Le second est de traîtrise; mon dos le pressent déjà, laissant sans printemps un arbre aux nervures vertes. Et le dernier, d'acier froid, si jamais tu as le courage, de me laisser, face à face, amour, présent de corps. J'ai acheté trois poignards pour que tu me donnes la mort...

Catherine Pozzi

Catherine Pozzi - Ave Très haut amour, s’il se peut que je meure Sans avoir su d’où je vous possédais, En quel soleil était votre demeure En quel passé votre temps, en quelle heure Je vous aimais,       Très haut amour qui passez la mémoire, Feu sans foyer dont j’ai fait tout mon jour, En quel destin vous traciez mon histoire, En quel sommeil se voyait votre gloire, O mon séjour…       Quand je serai pour moi-même perdue Et divisée à l’abîme infini, Infiniment, quand je serai rompue, Quand le présent dont je suis revêtue Aura trahi,    Par l’univers en mille corps brisée, De mille instants non rassemblés encor, De cendre aux cieux jusqu’au néant vannée, Vous referez pour une étrange année Un seul trésor    Vous referez mon nom et mon image De mille corps emportés par le jour, Vive unité sans nom et sans visage, Cœur de l’esprit, ô centre du mirage Très haut amour.

Primo Levy

PRIMO LEVI - Le survivant Depuis lors, à une heure incertaine, Cette souffrance lui revient, Et si, pour l’écouter, il ne trouve personne, Dans la poitrine, le cœur lui brûle. Il revoit le visage de ses compagnons, Livide au point du jour, Gris de ciment, Voilé par le brouillard, Couleur de mort dans les sommeils inquiets; La nuit, ils remuent des mâchoires Sous la lourde injonction des songes, Et mâchent un navet inexistant. «Arrière, hors d’ici, peuple de l’ombre, Allez-vous-en. Je n’ai supplanté personne, Je n’ai usurpé le pain de personne, Nul n’est mort à ma place. Personne. Retournez à votre brouillard. Ce n’est pas ma faute si je vis et respire, Si je mange et je bois, je dors et suis vêtu.

Lêdo Ivo

Le cœur de la liberté J'étais, je suis et  je serai dans le cœur de la réalité, près de la femme qui dort, avec l'homme qui meurt, à côté de l'enfant qui pleure. Parce que dans mon chant, les jours sont fugitifs et le ciel est l'annonce d'un oiseau. Ne pas me retirer d'ici, de la vie qui est ma patrie, et passent les aigles dans le sud et demeurent les volcans éteints qui un jour vomiront le printemps. Ma chanson est comme la veine ouverte ou une racine centrale dans la terre. Ne pas me retirer d'ici, jamais je ne trahirai le centre de la maturité de tous mes jours. Seulement ici chaque minute change comme des rivages et le jour est un lieu de rencontre, comme des carrés, et le cristal pèse comme la beauté sur la terre qui embaume en créant le monde. Adieu, toi hermétique, pays de mort fausse. Je bois cette heure comme l’eau, je me réfugie dans le séjour lorsque l'aube se mélange avec la rosée et le fumier, et je suis libre,

Robert Camo

Robert Camo - Si même… (no picture available) Si même il ne restait qu'un écriteau sur terre : « défense de pêcher car c'est notre rivière » :              nous serions révolutionnaires. Si même il ne restait qu'un prince sur la terre, qu'un prince et sa couronne et son divin mystère,              nous serions révolutionnaires. Si même il ne restait, aux confins de la terre, qu'un douanier gardant un mètre de frontière,            nous serions révolutionnaires. Si même il ne restait qu'un canon sur la terre, rien qu'un canon et rien qu'un dernier jour de guerre,           nous serions révolutionnaires. Si même il ne restait qu'un bagne sur la terre, qu'une seule catin, qu'une seule misère,           nous serions révolutionnaires.                Et s'il ne restait sur la terre,                Sur terre, parmi nous enfin                qu'un prolétaire avec sa faim,                nous serions révolutionna

Maria Tsvetaieva

MARIA TSVETAIEVA (1892-1941) "Et la vie sera là, son pain, son sel Et l'oubli des journées Et tout sera comme si sous le ciel Je n'avais pas été" "Si vous ne m'oubliez pas comme je vous oublie, c'est que vous ne m'avez jamais subie comme je vous ai subis. Si vous ne m'oubliez pas absolument, c'est qu'il n'y a rien d'absolu en vous, même l'indifférence. J'ai fini par ne pas vous reconnaître ; vous n'avez jamais cherché à me connaître. " "L'amour est pour moi le lien privilégié de l'infini et l'étroitesse m'a toujours étouffée : aimez le monde en moi, non pas moi dans le monde." " Regarde le ciel par la fenêtre, tout de moi y est dit ". "Il ne s’agit pas de vivre et d’écrire mais de : vivre - écrire et de : écrire - vivre. C’est dire que tout ne s’accomplit et même ne s’éprouve (ne se comprend) que dans un cahier". "Tel est fait de pierre, tel est fait d

Benjamin Fondane

Benjamin FONDANE - Encore une journée qui s'en va ! Encore une journée qui s’en va comme un sac de farine, Moulin du temps vermoulu où s’entassent les sacs, les sacs des jours dont la farine est rance, les roues n’ont guère fini de briser l’eau revêche, la longue, l’obstinée résistance de l’eau qui se jette sur le peigne des roues, fouette le mouvement, et surveille la longue et lente destruction amorcée à l’aurore perfide du chaos. Encore une journée qui s’en va, sous l’oeil des araignées. Je sens que je devrais m’opposer à sa fuite, que je devrais entrer dans le conflit des forces, empêcher cet horrible écoulement du temps, sonner à toutes les portes, appeler au secours les forces somnolentes, faire gicler le sang qui dort sous l’habitude, prendre une part vivante au drame qui se joue et dont je suis l’enjeu – être celui qui dit à l’eau qui coule : NON, et point l’arbre passif qui pleure au bord des eaux, fuyantes, du sommeil.

Guy Goffette

Guy Goffette, 71 ans le 17 04 . Une poésie tendue, écartelée entre la perte et la consolation, une poésie de rupture, résolument universelle. (LM LEVY La Cause Littéraire) Tant de choses Tu as laissé dans l'herbe et dans la boue tout un hiver souffrir le beau parasol rouge et rouiller ses arêtes, laissé la bise abattre la maison des oiseaux sans desserrer les dents, à l'abandon laissé les parterres de roses et sans soin le pommier qui arrondit la terre. Par indigence ou distraction tu as laissé tant de choses mourir autour de toi qu'il ne te reste plus pour reposer tes yeux qu'un courant d'air dans ta propre maison — et tu t'étonnes encore, tu t'étonnes que le froid te saisisse au bras même de l'été.

Laurence Millereau

± 2018 De Laurence Millereau : L’aile tremblée du nuage Dans l’air où les voix se perdent Et reviennent en écho A la nuit tombée Le mimosa se balance doucement Mémoire parue Aux frissonnements d’une lumière neuve D’un vent bleu vif D’un ciel orange et carminé Les contours prennent corps Ce qui a été ce qui est. 26/01/2018 ---- Laurence Millereau Césure de l'absence Le vent pénètre la pièce pleine de livres Soulève les pages closes d'oubli Puis la lumière envahit la chambre Sous le palmier les amaryllis rouges Que ce fut une belle vie Parée et nue comme cyprès. Laurence Millereau Césure de l'Absence Mouvement Les lettres affleurent Et courent sur le clavier Poursuite d'un rêve eveillé Puis au seuil du temps Revenu Trouver l'alchimie des mots Leur fusion et l'espace ténu Qui les lie, les délie, Laurence Millereau L'écriture à fleur de rêve L'esprit s'éveille Dans l'encre des désirs Jetés là comme sur les draps

Aimé Césaire

Nocturne d'une nostalgie "rôdeuse oh rôdeuse à petits pas de cicatrice mal fermée à petites pauses d’oiseau inquiet sur un dos de zébu nuit sac et ressac à petits glissements de boutre à petites saccades de pirogue sous ma noire traction à petits pas d’une goutte de lait sac voleur de cave ressac voleur d’enfant à petite lampe de marais ainsi toute nuit toute nuit des côtes d’Assinie des côtes d’Assinie le couteau ramène sommaire toujours et très violent." Aimé Césaire - Ferrements. 1960

Azifer Rachid

Il y a des douleurs Qu’on n’ose pas écrire Tout comme un blasphème Qu’on n’ose pas dire L’orgueil fait rempart, Dignité oblige On ne peut hurler . . . Alors on soupire Des peines confinées Qui se refusent au partage Et les mots frileux A la vue des pages Une larme réticente, S’accrochant aux cils Pour en vain, prétendre Avoir du courage Il est des moments Où seul le silence Sait si bien décrire Nos peines et souffrances Le cœur qui gémit, L’âme en désarroi On entend la voix Patience . . . patience Il y a aussi des jours Où l’on est plus rien Où l’on est tout seul Même parmi les siens Où on fait aller Bien que tout va mal En simule le sourire On leur dit qu’on va bien On se dit que ça passera Et on l’espère bien Azifer 12/04/2016 Fb

Antonin Artaud

Antonin Artaud – Lamento à la fenêtre Vois, toute douce, toute belle, toute pâle Le jour qui vient mourir sur les mystères blancs ; Il nous paraît humain ce jour agonisant, Tristement effeuillant ses bagues dans la salle. Nous nous sentons heureux de savoir que les choses Boivent ainsi que nous ce lambeau de clarté Et s’enfuient avec nous vers les nuages roses…. L’heure sonne son glas vers les vitraux muets. Dans la douceur du soir se lamentent les branches, Parfois dans les chemins agonise un oiseau Et voici que le ciel prend une couleur d’eau…. Ma soeur c’est notre amour qui neige dans les branches.

Hélène Vacaresco

HELENE VACARESCO (1864~1947) Il passa ! J’aurais dû sans doute Ne point paraître en son chemin ; Mais ma maison est sur la route, Et j’avais des fleurs dans la main.   Il parla : j’aurais dû peut-être Ne point m’enivrer de sa voix : Mais l’aube emplissait ma fenêtre, Il faisait avril dans les bois.   Il m’aima : j’aurais dû sans doute N’avoir pas l’amour aussi prompt ; Mais hélas ! quand le cœur écoute, C’est toujours le cœur qui répond.   Il partit : je devrais peut-être Ne plus l’attendre et le vouloir ; Mais demain, l’avril va paraître, Et, sans lui, le ciel sera noir.

Mihai Eminence

Mihai Eminence "Ce soir, sur la colline" (1870). Traduction : M. STERIADE. Le soir, sur la colline, le buccin sonne avec peine. Des troupeaux montent la sente d'étoiles parsemée, Les eaux pleurent en jaillissant claires, dans les fontaines. Sous un acacia tu m'attends, ma douce Bien Aimée. La lune passe dans le ciel, sainte, limpide ! Tes grands yeux regardent le feuillage, s'y plongent, Sur la voute sereine des astres naissent, humides, Ton coeur est plein de désirs, ton front lourd de songes Des nuages glissent et des rayons les transpercent. Les maisons vers la lune lèvent d'anciens auvents. Dans la brise légère le balancier du puit grince. Le vallon fume. Dans un enclos une flûte s'entend. Des hommes harrasés, l'épaule alourdie, Rentrent des champs. Les sonnailes sonnent, se pâment Ainsi que la cloche antique dans l'air assoupie. Mon âme brûle d'amour comme une flamme. Bientôt se calmeront le vallon, le village. Bientôt m

Perros

GEORGES PERROS - Comment sont les autres Comment sont les autres Font les autres Vivent les autres Si c’est comme moi Et qu’ils font cette tête souriante quand je les vois Alors oui nous sommes tous damnés Car mes jours et mes nuits Je ne les souhaite à personne Je ne suis pas malheureux Restez calmes je vous en prie Non ce n’est pas cela Que je veux dire Mais nous sommes vraiment seuls À penser certaines choses Qui nous empêchent De croire en qui En quoi que ce soit Vraiment seuls À se croire seuls à les penser C’est que tout le monde les cache Et comment allez-vous Cher ami Beau temps et pluie C’est la saison Ce n’est pas mépris Même l’amour y a sa part Si l’on n’aimait pas On ne penserait pas ces choses Non c’est tout simple Et positivement horrible Se suicider En devient ridicule.

Verhaeren

EMILE VERHAEREN - Chanson de fou Le crapaud noir sur le sol blanc Me fixe indubitablement Avec des yeux plus grands que n'est grande sa tête ; Ce sont les yeux qu'on m'a volés Quand mes regards s'en sont allés, Un soir, que je tournai la tête. Mon frère ? - il est quelqu'un qui ment, Avec de la farine entre ses dents ; C'est lui, jambes et bras en croix, Qui tourne au loin, là-bas, Qui tourne au vent, Sur ce moulin de bois. Et Celui-ci, c'est mon cousin Qui fut curé et but si fort du vin Que le soleil en devint rouge ; J'ai su qu'il habitait un bouge, Avec des morts, dans ses armoires. Car nous avons pour génitoires Deux cailloux Et pour monnaie un sac de poux, Nous, les trois fous, Qui épousons, au clair de lune, Trois folles dames, sur la dune.

Philippe Jaccottet

Philippe Jaccottet  Le Locataire    à Francis Ponge. Nous habitons une maison légère dans les airs, le vent et la lumière la cloisonnent en se croisant, parfois tout est si clair que nous en oublions les ans, nous volons dans un ciel à chaque porte plus ouvert. Les arbres sont en bas, l’herbe plus bas, le monde vert, scintillant le matin et, quand vient la nuit, s’éteignant, et les montagnes qui respirent dans l’éloignement sont si minces que le regard errant passe au travers. La lumière est bâtie sur un abîme, elle est tremblante, hâtons-nous donc de demeurer dans ce vibrant séjour, car elle s’enténèbre de poussière en peu de jours ou bien elle se brise et tout à coup nous ensanglante. Porte le locataire dans la terre, toi, servante ! Il a les yeux fermés, nous l’avons trouvé dans la cour, si tu lui as donné entre deux portes ton amour, descends-le maintenant dans l’humide maison des plantes.

Jacques Higelin

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18/10/1940 - 06/04/2018 http://www.jacqueshigelin.fr/ https://www.paroles.net/jacques-higelin http://www.lepoint.fr/culture/le-chanteur-jacques-higelin-est-mort-06-04-2018-2208542_3.php http://www.lemonde.fr/disparitions/article/2018/04/06/le-chanteur-et-poete-jacques-higelin-est-mort_5281516_3382.html http://www.leparisien.fr/culture-loisirs/musique/jacques-higelin-est-mort-06-04-2018-7649583.php "Je n'ai pas peur de vivre, alors je n'ai pas peur de mourir" http://www.leparisien.fr/laparisienne/actualites/people/en-images-jacques-higelin-les-femmes-de-sa-vie-06-04-2018-7649955.php http://www.symphonie-pastorale.fr/univers-de-brigitte-fontaine/jacques-higelin/ https://culturebox.francetvinfo.fr/musique/rock/jacques-higelin-l-adieu-populaire-emouvant-au-pere-lachaise-271787 https://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques_Higelin

Georges Perros

"Ce qu'il n'y a pas au-delà De cette terre menacée De ce désert en pleine mer C'est une gaieté particulière Une bonne humeur Sans rien d'exubérant Une gaieté tranquille Une façon d'être sur la terre Comme si elle n'existait pas Et certes on pourrait en douter Quand le soir tombe au cœur de l'île Et que la mer ronge son os Sur les grèves, zones pierreuses Marché aux puces océanique Que lèche avec voracité La langue tranchante des phares Qui patrouillent l'obscurité" Georges Perros in Les Mots Bleus (Marines)

Temps gris

Temps gris à pluie Hantise des coiffeurs Avez-vous un parapluie Mais oui mais oui Dans mon sac à main Voyons... Sous ce sac à provisions Ce portefeuille Ces lettres à poster Ces revues ce recueil Ce... Ah il ne pleut plus Au revoir ! " Gabrielle Burel 1/4/17