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Affichage des articles du novembre, 2018

Baudelaire - Le monde va finir

Le monde va finir ; la seule raison pour laquelle il pourrait durer, c’est qu’il existe. Que cette raison est faible, comparée à toutes celles qui annoncent le contraire, particulièrement à celle-ci : Qu’est-ce que le monde a désormais à faire sous le ciel ? Car, en supposant qu’il continuât à exister matériellement, serait-ce une existence digne de ce nom et du dictionnaire historique ? Je ne dis pas que le monde se réduit aux expédients et au désordre bouffon des républiques du Sud-Amérique, que peut-être même nous retournerons à l’état sauvage et que nous irons, à travers les ruines herbues de notre civilisation, chercher notre pâture, un fusil à la main.  Non ; car ce sort et ces aventures supposeraient encore une certaine énergie vitale, écho des premiers âges. Nouvel exemple et nouvelles victimes des inexplorables lois morales, nous périrons par où nous avons cru vivre.  La mécanique nous aura tellement américanisés, le progrès aura si bien atrophié en nous toute la partie spi

Alain Suied De l'autre côté

Alain Suied De l'autre côté 1 Attention, de l'autre côté il n'y a rien. J'en reviens. Ni désir, ni rêve ni même leur retour. Et la terreur d'exister a joué son dernier tour. J'en reviens. De l'autre côté il n'y a plus de liens. Il y a un visage. Il n'a pas d'ombre ni de reflet. 2 Il y a un visage. Je suis égaré dans sa lumière. Je dois revenir du côté des vivants. Je traverse la frontière et je cherche ton regard absent. De l'autre côté sauvage un feu m'a brûlé. C'était la griffe acérée de tes yeux sans partage. 3 De l'autre côté, il n'y a rien ou peut-être une blessure ? Un regard oublié, qui revient ou sa mélancolie sans mesure ? Je me penche au bord du vide et soudain ton absence a un poids. C'est une trace inaperçue, ride sur la face des eaux une voix qui souffle soudain du passé le vent muet de l'autre côté.