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Affichage des articles du mai, 2019

Paul Verlaine Colloque sentimental

Paul Verlaine (1844 -1896) : Colloque sentimental « Dans le vieux parc solitaire et glacé Deux formes ont tout à l'heure passé. Leurs yeux sont morts et leurs lèvres sont molles, Et l'on entend à peine leurs paroles. Dans le vieux parc solitaire et glacé Deux spectres ont évoqué le passé. - Te souvient-il de notre extase ancienne? - Pourquoi voulez-vous donc qu'il m'en souvienne? - Ton coeur bat-il toujours à mon seul nom? Toujours vois-tu mon âme en rêve? - Non. Ah ! les beaux jours de bonheur indicible Où nous joignions nos bouches ! - C'est possible. - Qu'il était bleu, le ciel, et grand, l'espoir ! - L'espoir a fui, vaincu, vers le ciel noir. Tels ils marchaient dans les avoines folles, Et la nuit seule entendit leurs paroles. » Revue « L’Artiste », 1er juillet 1868 Ferdinand Sartorius, éditeur, Paris

Réflexion... CARLO BORDINI Poésie

POÉSIE, LA SEULE QUI DISE LA VÉRITÉ, PAR CARLO BORDINI J’aime la poésie parce que lorsque j’écris je sais toujours d’où je pars, et je ne sais jamais où j’arrive. J’arrive toujours en territoires inconnus, et j’en sais plus après qu’avant. J’écris ce que je sais, mais je le sais pendant que je l’écris, et pour moi la poésie est toujours la source de continuelles révélations. C’est comme si, durant l’écriture, il y avait en moi de brusques ruptures de l’inconscient. En ce sens je suis assez convaincu que le mot précède la pensée, qu’il est un véhicule de la pensée. On n’écrit pas ce que l’on sait, mais on le sait après l’avoir écrit. Parfois j’écris des choses dont je ne sais absolument pas ce qu’elles signifient; je le comprends après, ou parfois, ce sont les autres qui viennent me l’expliquer. Je suis d’accord, en ce sens, avec ce qu’écrit Perniola: « Le poète n’est pas le meilleur artisan, mais le meilleur outil. » Je ne crée pas, je suis créé. Je n’écris pas, mais je suis écrit.