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Affichage des articles du juin, 2018

Paul Eluard

" La vérité c'est que j'aimais Et la vérité c'est que j'aime De jour en jour l'amour me prend première Pas de regrets j'ignore tout d'hier Je ne ferai pas de progrès" Paul Eluard Poésie ininterrompue

Nicolas Bouvier

NICOLAS BOUVIER (1929~1998) La dernière douane Depuis que le silence n’est plus le père de la musique depuis que la parole a fini d’avouer qu’elle ne nous conduit qu’au silence les gouttières pleurent il fait noir et il pleut dans l’oubli des noms et des souvenirs il reste quelque chose à dire entre cette pluie et Celle qu’on attend entre le sarcasme et le testament entre les trois coups de l’horloge et les deux battements du sang Mais par où commencer depuis que le midi du pré refuse de dire pourquoi nous ne comprenons la simplicité que quand le cœur se brise Genève, avril 1983 _____ C’est l’été le plus chaud du siècle    le jour le plus chaud de l’été les ouvrières ont la nuque rasée et des éventails en papier Au terminus de la ligne 23 ce matin j’ai appris dix caractères chinois je suis monté dans cet autobus rose qui passe un col à l’ombre des bambous marché le long de la rivière marché, nagé et maintenant : le soleil est un fil à pl

Jean Tortel- Les saisons en cause

Bien comprendre Que la merveille est fortuite Ne s'insère pas Dans le cours saisonnier Ni même probablement Dans l'espace qu'elle dérange Jean Tortel  in Les saisons en cause

Paul FORT - COMPLAINTE DU Petit Cheval Blanc

Paul FORT -  COMPLAINTE DU PETIT CHEVAL BLANC Le petit cheval dans le mauvais temps, qu'il avait donc du courage ! C'était un petit cheval blanc, tous derrière et lui devant. Il n'y avait jamais de beau temps dans ce pauvre paysage. Il n'y avait jamais de printemps, ni derrière ni devant. Mais toujours il était content, menant les gars du village, A travers la pluie noire des champs, tous derrière et lui devant. Sa voiture allait poursuivant sa belle petite queue sauvage. C'est alors qu'il était content, eux derrière et lui devant. Mais un jour, dans le mauvais temps, un jour qu'il était si sage, Il est mort par un éclair blanc, tous derrière et lui devant. Il est mort sans voir le beau temps, qu'il avait donc du courage ! Il est mort sans voir le printemps ni derrière ni devant.

René Guy Cadou- L'enfant précoce

René-Guy CADOU - L'ENFANT PRÉCOCE (in : Les Cariatides) Une lampe naquit sous la mer Un oiseau chanta Alors dans un village reculé Une petite fille se mit à écrire Pour elle seule Le plus beau poème Elle n'avait pas appris l'orthographe Elle dessinait dans le sable Des locomotives Et des wagons pleins de soleil Elle affrontait les arbres gauchement Avec des majuscules enlacées et des cœurs Elle ne disait rien de l'amour Pour ne pas mentir Et quand le soir descendait en elle Par ses joues Elle appelait son chien doucement Et disait « Et maintenant cherche ta vie ».

Maurice FOMBEURE - Les Écoliers

Maurice FOMBEURE - LES ÉCOLIERS Sur la route couleur de sable, En capuchon noir et pointu, Le 'moyen', le 'bon', le 'passable' Vont à galoches que veux-tu Vers leur école intarissable. Ils ont dans leurs plumiers des gommes Et des hannetons du matin, Dans leurs poches du pain, des pommes, Des billes, ô précieux butin Gagné sur d'autres petits hommes. Ils ont la ruse et la paresse Mais l'innocence et la fraîcheur Près d'eux les filles ont des tresses Et des yeux bleus couleur de fleur, Et des vraies fleurs pour leur maîtresse. Puis les voilà tous à s'asseoir. Dans l'école crépie de lune On les enferme jusqu'au soir, Jusqu'à ce qu'il leur pousse plume Pour s'envoler. Après, bonsoir !

Félix Leclerc

Vogue la galère ... "Pour supporter Le difficile Et l´inutile Y a l´tour de l´île Quarante-deux milles De choses tranquilles Pour oublier Grande blessure Dessous l´armure Eté, hiver Y a l´tour de l´île" Felix Leclerc

ALEJANDRA PIZARNIK : Ce soir, dans ce monde

ALEJANDRA PIZARNIK : Ce soir, dans ce monde Traduction : Carlos Alvarado à Martha Isabel Moïa ce soir dans ce monde les mots du rêve de l’enfance de la mort il n’est jamais « ça », ce que l’on veut dire la langue natale châtre la langue est un organe de connaissance de l’échec de tout poème castré par sa propre langue qui est l’organe de la ré-création de la re-connaissance mais non celui de la résurrection de quelque chose en guise de négation de mon horizon de Maldoror avec son chien et rien n’est promesse entre le dicible qui équivaut à mentir (tout ce que l’on peut dire est mensonge) le reste est silence sauf que le silence n’existe pas non les mots ne font pas l’amour ils font l’absence si je dis « eau », boirais-je ? si je dis « pain », mangerais-je ? ce soir dans ce monde extraordinaire silence, que celui de cette nuit ! ce qui se passe avec l’âme est-ce qu’on ne la voit pas ce qui se passe avec l’esprit est-ce qu’on ne le voit pas d’où vient-elle

HENRY BATAILLE - Les Trains Rêvent Dans La Rosée

HENRY BATAILLE - LES TRAINS RÊVENT DANS LA ROSÉE Les trains rêvent dans la rosée, au fond des gares… Ils rêvent des heures, puis grincent et démarrent… J’aime les trains mouillés qui passent dans les champs, Ces longs convois de marchandises bruissant, Qui pour la pluie ont mis leurs lourds manteaux de bâches, Ou qui dorment la nuit entière dans les garages… Et les trains de bestiaux où beuglent mornement Des bêtes qui se plaignent au village natal… Tous ces grands wagons gris, hermétiques et clos, Dont le silence luit sous l’averse automnale, Avec leurs inscriptions effacées, leurs repos Infinis, leurs nuits abandonnées, leurs vitres pâles… Oh ! le balancement. des falots dans l’aurore !… Une machine est là qui susurre et somnole… Une face se montre et relaisse le store… Et la petite gare où tinte une carriole… Belloy, Sours, Clarigny, Gagnac et la banlieue… Oh ! les wagons éteints où l’on entend des souffles ! La palpitation des lampes au voile bleu… Le train qu’o

Louise-Victorine ACKERMANN - Adieu à la poésie

Louise-Victorine ACKERMANN - Adieu à la poésie Mes pleurs sont à moi, nul au monde Ne les a comptés ni reçus, Pas un oeil étranger qui sonde Les désespoirs que j’ai conçus. L’être qui souffre est un mystère Parmi ses frères ici-bas ; Il faut qu’il aille solitaire S’asseoir aux portes du trépas. J’irai seule et brisant ma lyre, Souffrant mes maux sans les chanter ; Car je sentirais à les dire Plus de douleur qu’à les porter

JANOS PILINSZKY - La mer

JANOS PILINSZKY (1921~1981) La mer La mer as-tu dit en mourant, et depuis ce seul mot de toi signifie pour moi la mer, et aussi, peut-être, ce que tu es. Et peut-être aussi qui je suis ? Crêtes et creux de vagues. Ton agonie, telle la mer me libère et m’ensevelit. Mère, mère. Jours ordinaires. J’entends ta mort et je t’appelle. Terrifiants jours ordinaires. Pauvre, pauvre, pauvre, pauvre. (© Même dans l’obscurité, Orphée/La Différence, 1991. Traduction de Sarah Clair et Lorand Gaspar.) ____________ Cela existe Je voulais être domestique. Cela existe. Mettre et desservir la table. Comme monte sur l’estrade le supplicié et en descend le bourreau. Maintenant, entre les degrés de l’échafaud darde le soleil, le même soleil, comme si on n’y avait monté personne qui ne fût redescendu. Je voulais être silence et estrade. Monde coincé entre les marches. Personne et rien. Espoir de fin de semaine. (Même dans l’obscurité, traduit du hongrois par

Andrée Chedid - Je me nomme poète

Andrée Chedid -  Je me nomme poète Au-dessus du Poète Il y a la Poésie Cette langue des dieux Et par-delà L’imaginaire est Roi J’étais le Commandeur De ce domaine Devenu mon Royaume Je me rappelle Les Mots et les Paroles Je les traque Et les retraque Je les attrape Puis je les perds Je les rattrape Puis les reperds Ont-ils un sens Ces Mots ? Ces Paroles ? Quelle importance Leur nom est Amour Et je me nomme Poète.

C'est l'été !... Avec Verlaine

Allégorie                     à Jules Valadon Despotique, pesant, incolore, l'Été, Comme un roi fainéant présidant un supplice, S'étire par l'ardeur blanche du ciel complice Et bâille. L'homme dort loin du travail quitté. L'alouette au matin, lasse n'a pas chanté. Pas un nuage, pas un souffle, rien qui plisse Ou ride cet azur implacablement lisse Où le silence bout dans l'immobilité. L'âpre engourdissement a gagné les cigales Et sur leur lit étroit de pierres inégales Les ruisseaux à moitié taris ne sautent plus. Une rotation incessante de moires Lumineuses étend ses flux et ses reflux... Des guêpes, çà et là, volent, jaunes et noires. Paul Verlaine ( "Jadis et Naguère"  - 1881)

Charles Martin Grey- Il fera un temps

Il fera un temps où l'homme cherchera à s'exercer durement afin de fabriquer à la machine l'instrument de la grâce divine il fera un temps  boueux où l'homme incognito fera tout pour rebrousser chemin. Ô! infini on pense à la mort comme la sueur du serpent qui défèque entre-temps les crasses du coït de cette terre vendue aux singes à la hauteur du ciel il élèvera sa voix rauque emballée aux châtiments les plus cruels de l'absence  comme un voyage prolongé aux orgies de l'épouvantable salut, il valsera d'un bout à l'autre de l'horizon ovale il fera un temps ô! divine mirage où l'homme boira son excrétion s'offrant à la soif déchirante de celui qui s'épuise à la déambulation des vampires. il fera un temps mauvais un temps saupoudré de ruse un temps épidémique qui se glisse dans les fenêtres de l'UNIVERS en déconfiture. (...) (CharlesMartinGray, in " les excréments de la lune" ,Juin 2016)

Victor Hugo--À qui donc sommes nous

VICTOR HUGO (1802~1885) A qui donc sommes-nous ? A qui donc sommes-nous ? Qui nous a ? qui nous mène ? Vautour fatalité, tiens-tu la race humaine ? Oh ! parlez, cieux vermeils, L'âme sans fond tient-elle aux étoiles sans nombre ? Chaque rayon d'en haut est-il un fil de l'ombre Liant l'homme aux soleils ? Est-ce qu'en nos esprits, que l'ombre a pour repaires, Nous allons voir rentrer les songes de nos pères ? Destin, lugubre assaut ! O vivants, serions-nous l'objet d'une dispute ? L'un veut-il notre gloire, et l'autre notre chute ? Combien sont-ils là-haut ? Jadis, au fond du ciel, aux yeux du mage sombre, Deux joueurs effrayants apparaissaient dans l'ombre. Qui craindre ? qui prier ? Les Manès frissonnants, les pâles Zoroastres Voyaient deux grandes mains qui déplaçaient les astres Sur le noir échiquier. Songe horrible ! le bien, le mal, de cette voûte Pendent-ils sur nos fronts ? Dieu, tire-moi du doute ! O sphinx, dis-

Andrée Chedid - L'espérance

  L'ESPÉRANCE   J'ai ancré l'espérance Aux racines de la vie. Face aux ténèbres J'ai dressé des clartés, Planté des flambeaux. A la lisière des nuits Des clartés qui persistent Des flambeaux qui se glissent Entre ombres et barbaries Des clartés qui renaissent Des flambeaux qui se dressent Sans jamais dépérir. J'enracine l'espérance Dans le terreau du coeur J'adopte toute l'espérance En son esprit frondeur. Andrée Chedid (1920-2011) Poète française d'origine libano-égyptienne Prix Goncourt de la poésie Prix Goncourt de la nouvelle Poème publié dans l'anthologie "Une salve d'avenir. L'espoir, anthologie poétique", aux Éditions Gallimard, mars 2004.

François Chen--Cette lune sur l'eau

François Cheng Cette lune sur l'eau est-ce toi Cette lune dans l'eau est-ce toi Est-ce toi reflet et éclat à toi-même inédits En ton unique mémoire Tu regardes et tu t'éloignes Tu souris et tu t'éloignes A jamais proche inaccessible dans l'au-delà d'ici Dans l'au-delà de toi

Fernando Pessoa - On le dit ?

Fernando Pessoa - On le dit ? On le dit ? On l’oublie. Ne le dit ? L’aurait dit.   On le fait ? C’est fatal Ne le fait ? C’est égal.   Pourquoi donc Espérer ? Car tout n’est Que rêver

Main verte

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Fleurissez les pavés ! (Fbg Saint Antoine--Paris)

SILVINA OCAMPO - LA Beauté

SILVINA OCAMPO - LA BEAUTE in : Poèmes d'amour désespéré traduction : Silvia Baron Supervielle Ah, qui pourrait expliquer la beauté! Secrète dans son enveloppe céleste de cristal, comme un pendule ou un ange sous un globe qui brille et spontanément nous offre le bonheur ou la tristesse. Expliquer la beauté! Nue, tremblante et dessinée sur la poussière ou le marbre du temps que de longues heures assoiffées contemplent, liment, polissent attentives, comme la douce pierre où se posent les lèvres de la mer qui traverse les tempêtes. Schopenhauer n’a pas su la définir et en vain Platon dans ses Dialogues l’évoqua tant de fois. Elle tremble comme dans l’eau que l’obscurité scelle, le parfait reflet d’une aile ou d’une main ou d’une ancienne étoile. Ah! qui pourrait dire de quelles fébriles substances elle naît, et à quel moment, avec quelles mesures furent découverts ses visages si pleins de mystérieuses, fugaces perfections,

Guadalupe Grande - Méditation

Source : Seule la voix demeure Guadalupe Grande - Méditation (Version Originale sous la traduction) Abasourdies de tellement savoir et de ne comprendre rien les cendres de la mémoire s’éparpillent dans l’air Une cuillerée de poussière en plus rien qu’une autre cuillère de nostalgie. Ouvre la bouche, ma fille, mange et tais-toi. Cruelle nourriture que la nostalgie, naufrage désolé de la vie, miroir injuste et insatiable. Encore une autre bouchée, ma fille, mâche et avale. Meditación Aturdidas de tanto saber y de no entender nada las cenizas de la memoria se esparcen en el aire Una cucharada más de polvo, tan sólo otra cucharada de nostalgia. Abre la boca, niña, come y calla. Cruel alimento es la nostalgia, naufragio desolado de la vida, espejo injusto e insaciable. Otro bocado más, niña, mastica y traga.

Main verte... Le coin des fées

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Veillez à aménager le coin repas des fées

Vladimir HOLAN ,  Aux ennemis

Vladimir HOLAN ,  Aux ennemis Et j' en ai assez de vos bassesses et si je ne me suis pas tué c' est pour la seule raison que je ne me suis pas donné la vie et que j' aime encore quelqu' un et que je m' aime moi Vous pouvez rire mais l' aigle ne peut être attaqué que par l' aigle et Hector blessé ne peut être plaint que par Achille Etre n' est pas facile... Etre poète et être homme signifie être une forêt sans arbres et voir ... l' homme de science observe La science ne peut que s' enquérir avec zèle Du zèle si mais des ailes non . Pourquoi ? Mais c' est simple je l' ai déjà dit : la science se meut dans l' approximation le poète dans la parabole le grand demi-hémisphère du cerveau refuse même l' archipoème pour du sucre Le coq tient en horreur la pluie mais c' est autre chose C' est le soir diriez-vous : un soir sexuellement adulte et la demoiselle a des seins si robustes que l' on pourrait briser co