Laurence Millereau

± 2018

De Laurence Millereau :

L’aile tremblée du nuage
Dans l’air où les voix se perdent
Et reviennent en écho
A la nuit tombée
Le mimosa se balance doucement
Mémoire parue
Aux frissonnements d’une lumière neuve
D’un vent bleu vif
D’un ciel orange et carminé
Les contours prennent corps
Ce qui a été ce qui est.

26/01/2018

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Laurence Millereau
Césure de l'absence

Le vent pénètre la pièce pleine de livres
Soulève les pages closes d'oubli
Puis la lumière envahit la chambre
Sous le palmier les amaryllis rouges
Que ce fut une belle vie
Parée et nue comme cyprès.

Laurence Millereau
Césure de l'Absence

Mouvement
Les lettres affleurent
Et courent sur le clavier
Poursuite d'un rêve eveillé
Puis au seuil du temps
Revenu
Trouver l'alchimie des mots
Leur fusion et l'espace ténu
Qui les lie, les délie,

Laurence Millereau

L'écriture à fleur de rêve
L'esprit s'éveille
Dans l'encre des désirs
Jetés là comme sur les draps
Et l'amour en votre absence
Se réveille et danse
Sue le papier .
L'écriture est trace de désert
Dans la rumeur du jour .

Césure de l'absence

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Dans la vallée tout est givre
Comme un velours sur l'herbe
Et les arbres sont sculptures
Acérées que la lumière
Saisit à travers son prisme
Les forêts feutrées de neige
Et pareilles au cathédrales
Laissent monter le silence
Sous leurs voûtes séculaires
J'avance dans ce désert blanc
Ma mémoire résiste au vent
Souvenirs pris sur la neige
Parcelles de vie arpèges
D'une musique au cœur battant
J'avance dans ce désert blanc
Sereine au chant du cœur battant.

Laurence Millereau

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Et puis la pluie, cet enfant de l’ombre, s’est enfin mise à tomber, les nuages avaient pris une couleur de cendre mauve, une lourdeur crépusculaire, étouffante, si ce n’est que le ciel crevait d’une rage qui se déversait sur tout le jardin, sur les bambous mouillés et soudain si misérables, sur le néflier aux feuilles pesantes et le citronnier qui s’arc-boutait comme un parapluie inutile tout vacillait sous cette force encore brune bientôt noyée d’encre noire sauf peut-être les flaques dans l’allée petits miroirs luisants et dans une dernière salve visible les épingles de pluie à tête de lumière métallique ; sur la vitre le reflet de la lampe dessinait un oiseau de feu puis tout devint obscur et des larmes se mêlèrent à cette pluie comme une autre délivrance venue d’un lieu inconnu, d’un souvenir qui ne parvenait pas à la conscience ou étaient-ce ces instants si fugaces et si sensibles de l’enfant sur les genoux de son père qui lui chantait des chansons, lui disait ce qu’on appelait des récitations et la faisait entrer dans le monde immense totalement neuf de la poésie sous l’abat-jour vert du vieil appartement, cette jubilation là de l’écart l’éclat du sens qui renversa sa vie, toujours présente, lui, en allé doucement, dans le silence d’une nuit de Février, la pluie redoublait puis tout à coup tout s’est embrasé de rose, la bruyère et les arbres jusqu’à la maison voisine, comme un ultime sursaut du jour bientôt disparu dans la nuit froide de Décembre, la pluie tombait toujours avec un bruit de tarentelle qui s’apaiserait une fois la porte fermée, les larmes avaient cessé depuis longtemps il ne restait plus qu’un petit filet de cascade cristalline qui traverserait l’espace, souffle d’eau dans le silence et la danse des mots sur le papier blanc.

15 Décembre 2017. Laurence Millereau

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De Laurence Millereau
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A quoi cela tient parfois ces instants si fragiles comme la cédille d’une lettre qui poinçonne un amour, un souffle d’air dans l’opacité des nuits la note claire de l’oiseau au chevet des souffrants l’instant de feu qui embrase le ciel et le corps tout entier entre la paume des mains, le zigzag des souvenirs dans les gares où l’on se perd où l’on se retrouve combien de quais combien de bras tendus combien d’adieux mais à l’orée des forêts le soleil perce la brume des matins froids, pour un instant de grâce l’invisible s’ourle au visible et l’on ne sait à quoi cela tient parfois cette lumière qui défroisse les fleurs à l’aurore et fait des yeux les étoiles dansantes de l’aube, l’instant des regards échangés pour une longue traversée cet instant d’éternité où vibre comme blé avant moisson la force de l’amour fou à quoi cela tient cet instant où la douleur cesse enfin où la joie revient comme un bouquet de seringat et de lilas blanc éclatant sous un ciel de printemps ce moment où l’espoir renaît par le sourire qui s’ouvre ou la main qui se pose, ces vies qui reviennent comme une volée d’oiseaux dans une lame de lumière entre hier et aujourd’hui, j’entends le soleil couler dans l’allée et la lune ce coquelicot blanc s’ouvrir à la nuit nouvelle, il y a comme un air de douceur dans les plis du soir, comme une balançoire qui attend des rêves d’enfants à quoi cela tient parfois l’inclinaison des couleurs et la fin de la mélancolie, à quoi cela tient cette allégresse neuve dans les nues où l’invisible s’ourle au visible.

Novembre 2017

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De Laurence Millereau

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Quand tout semble sombrer il y a toujours une voix qui te retient et te parle tendrement, un sourire comme un solfège d’été qui vient adoucir tes tourments une clef qui fait jaillir la lumière d’un printemps neuf il y a toujours un tout petit vol de coccinelle et l’essor bruissant d’une tourterelle, la douceur de l’écume sur le sable, le frôlement d’un papillon et d’un nuage, une source cachée entre deux envols d’oiseaux l’arête brulante d’une pierre sur le chemin quand tout semble sombrer il y a toujours un chœur d’étoiles à la croisée et le chant d’un poète qui te console il y a toujours les brisants de brume rose dans l’air du soir le trait d’un frissonnement de lune dans l’odeur du jasmin, il y a toujours le déploiement d’un regard, l’éblouissement des blés avant moisson et la fraîcheur paisible des montagnes, il y a toujours…mais tu ne le sais pas encore.
Fev 2018

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