Tristan Cabral

Jean  Yves Masson

Adieu à Tristan Cabral, poète épris de liberté et de beauté comme il y en a peu. Dans sa jeunesse, il se rêva suicidé à 24 ans, présentant ses poèmes comme ceux d'un jeune homme disparu. Puis il garda le nom de ce double fictif et poursuivit sa route entre les morts et les vivants, de livre en livre. La mort lui était une compagne familière, comme le prouve encore ce poème de 1998, pourtant résolument tourné vers la vie: 

Quand je serai parti
je ne veux pas que le soleil se colore de sang
je ne veux pas que meurent les arbres de Judée
 
mais que le chant des louves
veille sur les hommes seuls
mais qu’on demande à ceux qui restent
s’ils savent
où la douceur s’est réfugiée
 
qu’on refuse d’abjurer
et que partout la liberté insiste !...
 
d’où je ne serai plus
il faudra bien qu’il neige
je serai dans l’odeur des œillets
dans la douleur des arbres
je serai dans les mains habilleuses des morts
et sur tous les chemins d’un Peuple de Beauté
et je dirai des mots qui sentent encore les pommes
et je dirai des mots
qui me rendront les jours perdus
et je dirai des mots de feu
des mots de violoncelle
et de miséricorde...

TRISTAN CABRAL 
Toulon / Le Revest
2 février 1997

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