Yann Erwan Paveg Le 21 de février 2017

LE 21 DE FÉVRIER 2017

J'avais quitté ma demeure
Alors que l'horloge tapait dix heures
Le ciel gris
Ne versait pas de pluie
C'était ma grande journée

Direction Douarnenez
La plage du ris
Les plomarc'h
Le port du rosmeur
Puis la folle route
Vers pors poullan
Le pays bigouden
Plouhinec
Puis la fatigue subitement

Les rares paroles échangées
Me disaient d'oublier le passé
La vie allée
Les amours disséminés
Les anciens
La langue bretonne
Le beau
L'artiste
Le barde

Au fond de mon cœur serré
Je savais que le Breton ne pouvait pas délaisser tout
Parce que c'était passé
Enseveli
Noyé dans les ténèbres

À chaque fois
Qu'une personne me disait
De tourner les pages de mon livre ancien
J'allumais une petite bougie
Dans ma tête pleine de souvenirs
Des gens me disaient d'oublier tout
Même le sentiment d'amour

Tu as construit des histoires
Dans ton cerveau tortueux
Me disait-on
Et moi qui n'avais rien effacé
Du moindre amour
Je me battais pour défendre la mémoire

Depuis ce jour de février
Je sais que je suis seul
Face aux effaceurs de souvenirs
J'avais tant aimé
J'aurais tout donné
Pour la beauté des vagues
Le merveilleux qui ne s'efface pas
Mais renaît à chaque fois

Ainsi je suis rentré
De mon périple
En gravissant ma colline
Qui domine l'immuable baie
Et chante l'Aulne
Dans la ravine

Ici rien ne s'efface
Tout est ancré
Seul l'homme déraciné
Tente d'arracher de sa terre
Celui qui s'accroche à ses racines
À sa vie
À ses amours
Comme si les arbres
Ne préparaient pas le printemps
En soignant la cicatrice des hivers

YEP
Yann Erwan Paveg
21 02 2017

Vous verrez un jour
Alors que la vie
Aura rompu
Tous les liens fébriles
De l'amour

Il ne restera rien
De tous les trésors
Qui nous faisaient
Trembler du début
À la fin

Tout coquillage
Sera sec
Sur la plage
Puis les dernières feuilles jaunies
Des chênes
Iront à leur peine

Il ne restera plus rien
De la silhouette
Des sillons
Tout sera pauvre
Et les poches vides
De nos vies
Retrouveront
Les yeux avides
De l'enfance

Le petit espérant
La main douce
Et rassurante
D'une belle âme
Comme maman

Va chercher
Enfant des bocages
La douce farine des blés
La délicieuse crêpe
Née des mains d'une mère
Généreuse
En amour
Autant qu'en caresses
Celle-là
Qui a donné sa vie
Pour que la tienne
Soit belle
Comme un écrit

Cherche dans tes jeunes années
La chaleur de ses mains
Dorées comme un biscuit
Par le dur labeur des champs
Cours à l'entrée des parcelles
Voir si elle t'attendra
Après cinq heures
Cherche en vain
Elle ne sera plus là
Pour chérir
Ton enfance blonde
Cherche au noir des nuits
Cherche au profond des puits
Jamais ces jours ne reviendront
Jamais
Jamais
Ton seul espoir
Sera de bonifier la vie
De célébrer
Ceux qui marchaient
Avant toi
Comme une farandole d'enfants
Jouant avec la vie
Ainsi va

YEP. ( Quiétude des prairies)
23/08/2016
Les feuilles volent au vent
Les pages emportent
Tes mots
Vers la terre
Tout va en terre
Les soleils et les espoirs
Les matins vont au soir
Ferme ton livre
Enferme tes mots
Dans le noir
Pour ne point les perdre
Serre ton ouvrage
Contre ton cœur
Pour y poser le roux
De septembre
En souvenir de la vigueur du soleil d'été
Jusqu'au printemps
Qui vient

YEP . 250918

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