ANTHONY PHELPS Je continue ma lente marche

ANTHONY PHELPS

Je continue ma lente marche


Je continue ma lente marche de poète
à travers les forêts de ta nuit
province d’ombre peuplée d’aphones

Qui ose rire dans le noir ?
Nous n’avons plus de bouche pour parler
Quel chœur obscène chante dans l’ombre
cette chanson dans mon sommeil
cette chanson des grands marrons
marquant le rythme au ras des lèvres

Qui ose rire dans le noir ?
Nous n’avons plus de bouche pour parler
Les mots usuels sont arrondis
collants du miel de la résignation
et la parole feutrée de peur
s’enroule dans nos cerveaux capitonnés

Qui ose rire dans le noir ?
Nous n’avons plus de bouche pour parler
nous portons les malheurs du monde
et les oiseaux ont fui notre odeur de cadavre
Le jour n’a plus sa transparence et ressemble à la nuit
Tous les fruits ont coulé nous les avons montrés du doigt

Qui ose rire dans le noir ?
Nous n’avons plus de bouche pour parler
car le clavier des maîtres mots des Pères de la patrie
au grenier du passé se désaccorde abandonné
Ô mon pays si triste est la saison
qu’il est venu le temps de se parler par signes

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