Le pantoun

Pantoun de Louisa Pène-Siefert
Ce poème merveilleux, curieusement tronqué à ses quatre dernières strophes sur tous les sites qui le mentionnent, a été écrit par une jeune femme de 20 ans. Il enlace le thème du temps qui passe, au sens chronologique du terme, annonce d'une mort précoce (Louisa mourut à 32 ans), et celui du temps des saisons qui s'écoule et voit le retour de l'automne, précédant l'hiver. Les deux thèmes sont liés par cette fuite irrémédiable, l'un étant l'allégorie de l'autre.

Vraiment j'ai vingt ans révolus,
Ma première enfance est enfuie.
- Hélas ! les beaux jours ne sont plus,
C'est l'automne, voici la pluie.


Ma première enfance est enfuie,
Mes premiers muguets sont passés.
- C'est l'automne, voici la pluie,
Les nuages sont amassés.


Mes premiers muguets sont passés,
Mon aubépine est effeuillée.
- Les nuages sont amassés,
La prairie est toute mouillée.


Mon aubépine est effeuillée,
Et j'ai pleuré sur ses débris.
- La prairie est toute mouillée,
Plus de soleil, le ciel est gris.


Et j'ai pleuré sur ses débris.
Pourtant, ce n'était rien encore.
- Plus de soleil, le ciel est gris,
Le bois de rouge se colore.


Pourtant ce n'était rien encore,
D'autres fleurs s'ouvraient sous mes pas.
- Le bois de rouge se colore
Mais le beau temps ne revient pas.


D'autres fleurs s'ouvraient sous mes pas
J'ai teint de mon sang leurs épines.
- Mais le beau temps ne revient pas,
La sève descend aux racines.


J'ai teint de mon sang leurs épines.
Adieu, fleurs qu'on ne peut cueillir.
- La sève descend aux racines,
La nature va défaillir.


Adieu, fleurs qu'on ne peut cueillir :
Joie, amour, bonheur, espérance !
- La nature va défaillir
Dans une indicible souffrance.


Joie, amour, bonheur, espérance,
Que vous étiez beaux autrefois !
- Dans une indicible souffrance,
Faut-il que tout meure à la fois ?


Que vous étiez beaux autrefois,
Au clair soleil de la jeunesse !
- Faut-il que tout meure à la fois ?
Est-il sûr qu'un jour tout renaisse ?


Au clair soleil de la jeunesse,
Pauvre enfant d'été, moi, j'ai cru.
- Est-il sûr qu'un jour tout renaisse,
Après que tout a disparu ?


Pauvre enfant d'été, moi, j'ai cru !
Et tout manque où ma main s'appuie.
- Après que tout a disparu,
Je regarde tomber la pluie.


Et tout manque où ma main s'appuie.
Hélas ! les beaux jours ne sont plus.
- Je regarde tomber la pluie...
Vraiment, j'ai vingt ans révolus.



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