Réflexion ... Marguerite Duras


"Écrire. Je ne peux pas.
Personne ne peut.
Il faut le dire, on ne peut pas.
Et on écrit.
C’est l’inconnu qu’on porte en soi écrire, c’est ça qui est atteint. C’est ça ou rien.
On peut parler d’une maladie de l’écrit.
Ce n’est pas simple ce que j’essaie de dire là, mais je crois qu’on peut s’y retrouver,
camarades de tous les pays.
Il y a une folie d’écrire qui est en soi-même, une folie d’écrire furieuse mais ce n’est pas
pour cela qu’on est dans la folie. Au contraire.
L’écriture c’est l’inconnu. Avant d’écrire, on ne sait rien de ce qu’on va écrire. Et en
toute lucidité.
C’est l’inconnu de soi, de sa tête, de son corps. Ce n’est même pas une réflexion, écrire,
c’est une sorte de faculté qu’on a à côté de sa personne, parallèlement à elle-même,
d’une autre personne qui apparaît et qui avance, invisible,douée de pensée, de colère, et
qui quelquefois, de son propre fait, est en danger d’en perdre la vie.
Si on savait quelque chose de ce qu’on va écrire, avant de le faire, avant d’écrire, on
n’écrirait jamais. Ce ne serait pas la peine.
Écrire, c’est tenter de savoir ce qu’on écrirait si on écrivait — on ne le sait qu’après —
avant, c’est la question la plus dangereuse que l’on puisse se poser. Mais c’est la plus
courante aussi.
L’écrit ça arrive comme le vent, c’est nu, c’est de l’encre, c’est l’écrit et ça passe comme
rien d’autre ne passe dans la vie, rien de plus, sauf elle, la vie."

M.D.
Neauphle-le-Château, 1993
 Marguerite Duras in Écrire





"- Vous vous préoccupez de quoi?
- D'écrire. Une occupation tragique, c'est-à-dire relative au courant de la vie. Je suis dedans sans effort"

"- Ça sert à quoi d'écrire?
- C'est à la fois se taire et parler. Écrire. Ça veut dire aussi chanter quelquefois"

"Écrire c'est très près du rythme de la parole"

"Attendre. Dans le devenir du vent"

"Vous y allez tout droit à la solitude.
Moi, non, j'ai les livres"

"Ce n'est plus du malheur que tu vis, c'est le désespoir"

"Trouver quoi écrire encore"

"Vanité des vanités.
Tout est vanité et poursuite du vent.
Ces deux phrases donnent toute la littérature de la terre."

"C'est moi la poursuite du vent"

"Écrire toute sa vie, ça apprend à écrire. Ça ne sauve de rien"

"Je me sens écrasée d'exister.
Ça me donne envie d'écrire"

"Pour adoucir la vie?
Personne ne le sait. Il faut essayer de vivre. Il ne faut pas se jeter dans la mort.
C'est tout."

"Je vous aimerai jusqu'à ne pas vous abandonner"

"- Vous voulez ajouter quelque chose?
- Je ne sais pas ajouter. Je sais seulement créer. Seulement ça"

Marguerite Duras in C'est tout

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