Georg Trakl 1887 - 1914

http://diereseetlesdeux-siciles.hautetfort.com/archive/2015/05/04/georg-trakl-sera-present-in-dierese-65-5615475.html
N° 65

Près du marais
Voyageur dans le vent noir ; léger murmure du jonc grêle
Dans le calme du marais. Sur le ciel gris
Un vol d’oiseaux sauvage se suit ;
En travers au-dessus des eaux sombres.
Tumulte. Dans la hutte chue
S’élève la pourriture aux ailes noires ;
Des bouleaux brisés soupirent au vent.
Soir dans le débit déserté. Elle pressent l’étable
La lassitude des troupeaux qui paissent,
La nuit apparaît : des crapauds émergent des eaux d’argent.
http://revue-secousse.fr/Secousse-06/Poesie/Sks06-Trakl-6poemes.pdf

Automne : marche noire à la lisière de la forêt ; minute de destruction muette ; le front du lépreux aux aguets sous l’arbre nu. Soir passé depuis longtemps, qui sombre maintenant sur les couches de mousse ; novembre.(...)
http://www.oeuvresouvertes.net/spip.php?article1511

http://www.espritsnomades.com/sitelitterature/trakl/traklgeorg.html

Choix de textes


Ces poèmes écrits par Trakl sont difficiles à rendre en français, tant sa poésie est obscure et aspire à l’être. Ces traductions personnelles ne sont qu’une approche. « Étranges sont les sentiers nocturnes de l'homme » écrit Trakl, bien étranges sont ses mots-plaintes à dire dans une autre langue. Hermétisme et pureté emmêlés font de ses vers des minéraux obscurs.
Ce qu’il écrit sur Novalis sera son épitaphe gravé sur sa tombe, un matin d’automne blême :

En terre obscure repose l'étranger saint,
Il ôta de sa bouche tendre la plainte, le dieu,
Quand en pleine force il s'effondra.
Fleur bleue
Son chant survit dans la maison nocturne des douleurs.

Adaptation personnelle



Grodek (dernier poème)

Vers le soir, les forêts d'automne retentissent
des armes de la mort, les plaines dorées,
les lacs bleus et par-dessus le soleil
encore plus sombre roule ; la nuit enserre
des guerriers mourants, la lamentation sauvage
de leurs bouches en éclat.
Mais en silence s'amoncelle au fond du pâturage
nuée rouge, là vit un dieu coléreux,
le sang est vidé, froid de lune
Toutes les routes débouchent dans la pourriture noire
Sous les rameaux d'or de la nuit et des étoiles,
Vacille l'ombre de la sœur au travers du bois muet
Pour saluer les esprits des héros, les têtes en sang
Et doucement sonnent dans les roseaux les flûtes
obscures de l'automne
Ô deuil plus fier autel d'airain
La flamme chaude de l'esprit nourrit aujourd'hui
une douleur violente,
Les descendants qui ne verront pas le jour.

Adaptation personnelle

Plainte

Sommeil et Mort, les sinistres aigles
Des nuits qui cognent contre ma tête :
de l’homme l’image d’or
la vague glacée le noie
dans l’éternité. Sur d’horribles rochers
se brise le pourpre du corps
et la sombre voix se lamente
au-dessus de la mer
sœur au cœur envahi de tempêtes, vois sombrer la barque des peurs
sous les étoiles
le visage silencieux de la nuit ;

Adaptation personnelle

Occident 3

Vous, les grandes villes
de pierres dressées
sur la plaine !
Dans le silence s’en va
celui qui n’a point de patrie
Avec le front enténébré, avec le vent,
les arbres nus sur la colline
Vous les fleuves qui mourrez là-bas
Immense peur
de l’horrible crépuscule
dans les nuées de la tempête
vous les peuples mourants !
Vague blême
se brisant au bord de la nuit
étoiles tombantes

Adaptation personnelle

Révélation et naufrage (extraits)

Et il parla une voix sombre venant de moi
De mon cheval j’ai rompu le cou
au fond de la forêt la plus noire,
quand la folie jaillit de ses yeux pourpres
tombèrent sur moi les ombres des ormes,
le rire bleu de la source
et le froid noir de la nuit
quand je débusquais, chasseur sauvage,
un gibier de neige dans un enfer de pierre.
Mon visage mourut.

Mais comme je descendais la sente rocheuse,
la folie me terrassa et je criais,
haut dans la nuit,
et comme je me couchais
avec des doigts d'argent sur les eaux muettes,
je vis que mon visage m'avait abandonné.
Et la voix blanche me dit : Tue-toi !
Gémissante une voix d'enfant se leva en moi
et me regarda, rayonnante,
de ses yeux cristal, au point que je m'abattis
pleurant sous les arbres,
la voûte puissante des étoiles

Avec des semelles d'argent,
je descendis les degrés d'épine
et j'entrais dans la chambre blanchie
à la chaux
Calmement, un chandelier y brûlait
et je cachai ma tête
en silence dans les toiles pourpres.
Et la terre rejeta un cadavre d'enfant,
une forme lunaire
qui sortit lentement de mon ombre,
plongea bras cassés
des pierrailles, neige en flocons.

Adaptation personnelle

Lamentation

Plein sommeil et mort,
les aigles tristes bruissent autour de cette tête
toute la nuit durant
L'image dorée de l'homme
Que la vague glaçante de l'éternité l'engloutisse.
Sur de lugubres récifs s'écrase le corps pourpre
et se plaint la voix sombre sur la mer.
Sœur d'une mélancolie furieuse
Vois une barque lourde de peur coule sous les étoiles,
Sous la face close de silence de la nuit.

Adaptation personnelle

Rondeau

Il s’est enfui l’or du jour,
le brun du soir et aussi ses couleurs bleues :
Les douces flûtes du berger se sont éteintes
Il s’est enfui l’or du jour

Adaptation personnelle

Mélancolie

L’âme bleue s’est refermée muette
Dans la fenêtre ouverte tombe la forêt brune
Le silence des bêtes sombres ; dans la profondeur meule le moulin
sur le chemin,, les nuages dévalent,

Ces étrangers dorés. une cohorte de coursiers
jaillit rouge dans le village. Le jardin brun et froid
L’aster tremble de froid, sur la clôture peinte tendrement
l’or des tournesols est déjà presque enfui.

La voix des jeunes filles, la rosée a débordé
dans l’herbe dure et l’étoile blanche et froide.
Au milieu des ombres chères vois la mort peinte
chaque face pleine de larmes et fermée sur elle-même.

Adaptation personnelle

Délirium

La neige noire, celle qui s’écoule des toits ;
Un doigt rouge plonge dans ton front
Dans la chambre nue coulent au fond des névés bleus,
ils sont les miroirs défunts des amants.
En morceaux lourds éclate la tête et cherche le sens
des ombres dans le miroir des névés bleus.
Au sourire glacial d’une jeune fille morte.
Dans des parfums d’œillets pleure le vent du soir.

Adaptation personnelle

Crépuscule

Toute souffrance te saccage, te déchire
Et tremble du désaccord de toutes les mélodies
Toi harpe brisée - pauvre cœur
d’où fleurissent les fleurs malades de la mélancolie

Qui a convoqué ton ennemi, ton meurtrier
Qui a volé la dernière étincelle à ton âme,
comme il enlève le divin de cette terre mesquine
Et l’a fit putain, détestable, malade, en dissolution.

------------

Tu es dans le milieu de la nuit profonde
Un rivage mort à la mer muette,
Un rivage mort:
Jamais plus
Tu es dans le milieu de la nuit profonde

Tu es dans le milieu de la nuit profonde

Le ciel dans lequel, astre, tu brûlas,
Un ciel où nul dieu jamais plus n'éclôt,
Tu es dans le milieu de la nuit profonde

Tu es dans le milieu de la nuit profonde

Un non-né dans un doux sein
Et qui jamais ne fut ni jamais ne sera,
Tu es dans le milieu de la nuit profonde
Silence

Au-dessus des forêts luit blafarde
la lune qui nous fait rêver
Le saule au bord de l’étang sombre
pleure sans bruit dans la nuit;

Un cœur s’éteint - et insensiblement
les brouillards débordent et montent -
Silence, silence!

Adaptation personnelle

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Au soir, ils portèrent l’Étranger dans la chambre des morts ;
une odeur de goudron, le doux soupir des platanes roux ;
le vol noir des choucas ; sur la place on a relevé la garde,
le soleil aura sombré derrière une toile noire ; toujours reviendra cette soirée enfuie.
Dans la chambre voisine, la sœur joue une sonate de Schubert,
très doucement son rire coule sur la fontaine délabrée.

Adaptation personnelle

http://www.recoursaupoeme.fr/essais/georg-trakl-un-po%C3%A8te-en-temps-de-d%C3%A9tresse/alain-fabre-catalan

https://poesiemuziketc.wordpress.com/2012/06/19/georg-trakl-poemes/

http://lechatsurmonepaule.over-blog.fr/page-8262530.html
Else à Georg

http://semen.revues.org/2853
 La présentation par C. Louis-Combet de la biographie fantasmée de G. Trakl constitue une réflexion d'écrivain sur la genèse d'une de ses œuvres. Optant pour une désignation de soi à la troisième personne, il retrace un itinéraire à l'émotion continue et contenue, de l'ébranlement d'une rencontre ancienne à ce qu'il appelle une « chose de texte ». L'aspiration à la beauté apparaît au principe de la démarche d'amour d'écriture et de mort d'un couple fraternel incestueux et tragique. Dans l'ombre féconde du désir et de la détresse, une lecture-écriture se découvre sœur d'une autre, s'enracine et se déploie.

http://lapoesiequejaime.net/georg_trakl.htm

http://www.georgtrakl.de/georg-trakl-biographie.html

http://de.wikisource.org/wiki/Georg_Trakl

http://fr.wikipedia.org/wiki/Georg_Trakl

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