Jean l'Anselme 1919 - 2011



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LE CROQUEMORT ET LA FOURMI

Pour savoir si son mort
c'était bien vrai qu'il était mort,
un croquemort n'avait pas son pareil
pour lui mordiller les orteils.
Mais son mort, un dur à cuire,
peu chaud de demeurer sur terre,
fit le mort et resta froidJean_LAnselme_A_la_peine_de_vie_1946
à l'épreuve qu'il devait subir.
Il resta ainsi, imperturbable,
entêté et inébranlable
lorsqu'une fourmi insolente
pour rire lui chatouilla la plante.
Le mort, alors, s'est détendu
envoyant le croqueur sur le cul.

On trouve toujours un abruti
pour vous emmerder dans la vie.


http://diereseetlesdeux-siciles.hautetfort.com/archive/2014/10/16/jean-l-anselme-5469558.html

http://comme.en.poesie.over-blog.com/article-les-amis-de-jean-l-anselme-105550075.html

http://comme.en.poesie.over-blog.com/article-reactions-au-n-50-jean-l-anselme-107464794.html

http://revue-texture.fr/spip.php?article4

http://comme.en.poesie.over-blog.com/article-parution-du-numero-51-de-comme-en-poesie-109369430.html

http://www.printempsdespoetes.com/index.php?url=poetheque/poetes_fiche.php&cle=130

Art Poétique

Vingt fois sur le métier
dépolissez l'ouvrage,
un vers trop poli
ne peut pas être...au net.
Méfiez-vous des vers luisants !
Faites du vers dépoli
votre vers cathédrale.
un poème au pied bot
ne peut être que bancal.

http://nouvellerevuemoderne.free.fr/jeanlanselme.htm
Morceaux choisis

Le caillou
Un coin gardé jalousement par le silence.
Un étang comme un miroir.
Un ciel dedans. Et puis du temps qui passe, seule confidence.
Soudain un caillou qui tombe on ne sait comment. Le miroir est brisé.
Les rides d'un frisson.
Oh ! Pour un instant – le temps d'un cri – et tout reprend son calme, sa place : l'eau, l'arbre, le ciel, le roseau et la grenouille hiératique.
Le rêve est revenu.
Ce n'est pas vrai : j'avais oublié le caillou au fond de l'étang.
Jean L'Anselme...

http://www.centerblog.net/livre/303292-169-le-caillou-jean-anselme-


Un chien de Jean L’Anselme

Un chien mourait doucement
Son regard ne parlait rien d’autre
Que d’une chose infinie incompréhensible
Comme une mélancolie
On le soigna pour les reins et pour le foie
Et pour les poumons et pour l’intestin
Et pour les pieds et pour la tête
Et on lui opéra même le regard

On sut trop tard qu’il attendait son maître



L'éditorial de Jean L'Anselme pour le numéro 13. Patience patience, jeunes poètes...

CONSEILS A UN JEUNE POÈTE

Par Jean L'Anselme


Certes, je ne vais pas tout te dire; je me limiterai à quelques points et non des plus encourageants. Ne te crois pas tout d'abord issu de la cuisse de Jupiter. Remettons la poésie à sa juste mesure, ce n'est plus un objet de culte, une affaire de caste. On ne naît pas poète, on naît comme on est, c'est-à-dire comme tout le monde. N'importe qui peut être poète, je suis moi-même n'importe qui. Il n'y a d'ailleurs pas d'école où on enseigne la poésie pour en ressortir avec un CAP alors que, dans les autres domaines de l'art, il existe des conservatoires et des académies. C'est une réalité à laquelle on ne songe guère. Nous sommes donc des millions de poètes comme toi. Souvent sans le savoir.

Le statut de poète a donc bien changé. Le poète n'est plus celui qui dans le ciel cherche la route que lui montre la main du seigneur , comme le définissait Chatterton, son existence est plus terrestre, bien plus ordinaire. Dans la configuration actuelle où chacun dispose de tous les moyens de communication pour se faire connaître de son vivant, le poète, comme tout artiste en général, ne travaille plus pour avoir son nom dans le dictionnaire. S'il n'arrive pas a se faire remarquer avant de mourir, c'est parce que, tout simplement, il n'en vaut pas la peine. Dans notre société de consommation, il se trouve voué, comme le frigo et la télé, à une utilisation temporaire et immédiate. Il ne dispose que d'une garantie limitée, il a lui aussi sa date de péremption, la durée de son existence. Le Conservateur du château de Versailles disait à Jacques Chancel qu'en matière d'art," nous vivions une période de l'éphémère" . Et cette affirmation, dans la bouche de celui à qui incombait la protection et la sauvegarde des chefs- d’œuvre éternels, résonnait lugubrement.

On combat actuellement dans l'art les notions de pérennité et de postérité en le rendant vulnérable et en l'assimilant à un simple objet d'usage ordinaire. Les toiles sont peintes "au pistolet"; on incorpore des éléments qui refusent l'amalgame et se séparent de leur support. Les collectionneurs s'interrogent sur la durée de leurs acquisitions. On crée des "happenings ", des "événements", des "autodafés ", c'est-à-dire des œuvres sans lendemain. Christo "emballe" le Pont-Neuf et le déshabille quinze jours plus tard. Personnellement, je travaille beaucoup sur les slogans publicitaires, l'actualité, ce qui rend mes écrits précaires sans espérance de lendemains glorieux.

Tu aimes la poésie sinon tu n'en ferais pas. Pour le moment, tu es son amant (son aimant), tu couches avec, c'est le coup de foudre, Capoue, Cythère, le pied ! Sache toutefois que si tu veux te faire accepter, il te faudra lui jurer de mourir avec elle et de lui en donner la preuve. Elle n'a cure des amours passagères, de l'inconstance, des flirts entre deux trains. Pour en arriver à ce stade, il te faudra traverser un long désert d'indifférence, d'ingratitude, de solitude où tout ce que tu écriras en t'arrachant les tripes comme le pélican, tombera dans un puits profond sans le moindre écho. Songe qu'à l'approche de mes 55 ans, après avoir écrit je ne sais plus combien d'ouvrages, Pierre Seghers me disait : "Tu vois, tu es encore pour moi un jeune poète ". N'est donc pas poète qui le veut, mais qui le prouve, à la longue, patiemment.

Nous l'avons dit, il n'y a pas d'école pour apprendre, alors que fait celui qui ambitionne d'être poète? Eh bien, spontanément, en bon autodidacte, il écrit, il écrit d'après ce qu'il connaît, c'est-à-dire ses classiques, donc à l'ancienne. Il commence donc à faire des " à la manière de" ce qu'il aime, il fait de la décalcomanie vieillotte. Mais il lui faut passer ce cap, il lui appartient pour cela de dévorer tout ce qui est neuf, nouveau, contemporain. Il passera alors du stade du pastiche à celui de la connaissance. Il se mettra à écrire différemment, en fonction de ce nouvel acquit. Ses écrits prendront un nouveau visage, respireront autrement. Tu peux penser, à ce degré, qu'il est arrivé à la maîtrise, à son apogée. Erreur ! S'il veut être absolument différent, il lui faudra effacer tout ce qui l'a nourri. "Le véritable artiste, dit Derain, est l'homme inculte", c'est-à-dire qu'il devra oublier tout ce qu'il a appris pour ne ressembler à personne.
A l'examen de ce long parcours, tu ne t'étonneras donc pas si le poète ne peut bénéficier d'une certaine reconnaissance générale qu'à I approche de ses 70 ans et qu'il ne vit véritablement sa grande consécration qu'entre 80 et 95 ans, d'autant plus que les médias qui devraient servir à sa célébration ne lui accordent pas plus d'importance qu'à un joueur de quilles.

Je te souhaite donc bon courage et longue vie.

A présent oublie tout ce que je viens de te dire et n'écoute pas les autres. Si j'avais moi-même suivi les conseils qui me furent prodigués, je n'en serais pas à prôner un art à contre-culture et à proposer la réhabilitation du laid pour qu'il Soit le beau de demain. Qui de sensé aurait pu me mettre sur cette route? Malgré tous ces propos peu encourageants, sache que l'aventure en vaut la peine. Dis-toi que" la garce n'a pas besoin de fesses de printemps et d'un sexe de glaïeul" pour qu'on en soit épris d'un amour fou.
http://lieucommun.canalblog.com/archives/2008/03/01/16739023.html



Les songe-creux
(conseil à un jeune poète)
"Ils brandissent jusqu'aux cieux leurs bras sarmenteux 
en proférant des cris aussi vains qu' un silence.
Ils brassent les mots comme on brasse du vent,
des mots qui, face au vide, hésitent un instant
puis s'envolent innocents, futiles et anodins 
avec la consistance d'un pet de sacristain.
Poète, c'est ainsi que sont les grands poètes!...
Les chiants désespérés sont les chiants les plus sots 
et j'en sais d'immortels qui laissent sans mots."

Jean L'Anselme

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