Eve - Charles Peguy

Et ce sang qui devait un jour sur le Calvaire … Même les mécréants ne peuvent qu'être bouleversés par la grâce des vers du grand Charles Péguy

« Les solives du toit faisaient comme un arceau.
Les rayons du soleil baignaient la tête blonde.
Tout était pur alors et le maître du monde
Était un jeune enfant dans un pauvre berceau.

Chaque poutre du toit était comme un vousseau.
Les ombres de la nuit baignaient la tête ronde.
Tout était juste alors et le maître du monde
Était un jeune enfant sous un maigre cerceau.

Et ce sang qui devait un jour sur le calvaire
Tomber comme une ardente et tragique rosée
N’était dans cette heureuse et paisible misère
Qu’un filet transparent sous la lèvre rosée.

Et ce sang qui devait un jour sur le calvaire
Tomber comme une tiède et féconde rosée
N’était dans cette auberge et dans cette chaumière
Qu’un réseau rose et bleu sous une peau rosée.

Et ce sang qui devait un jour sur le Calvaire
Tomber comme une chaude et virile rosée
N’était dans sa tendresse et sa douceur première
Qu’un souple réseau fin sous une peau rosée.

Et ce sang qui devait par un destin sévère
Couler comme une rouge et vivante rosée,
Le sang du sacrifice et le sang du Calvaire
N’était qu’un tremblement sous la lèvre arrosée. »

Charles Péguy, Ève, (1913) Paris, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1975, p. 1045-1046

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