Lettre de Rilke à Lou-Andréas Salomé
Jeudi matin.
... Je voudrais tendre des tapis de pourpre
Et je voudrais, dans toute la contrée,
Remplir d'un baume extrait de pichets d'or
Les lampes de fleurs jusqu'au bord.
Et que toutes brûlent assez longtemps
Pour qu'aveuglés par le jour rouge,
Nous nous reconnaissions dans la nuit pâle
Et que notre âme se change en étoile.
Ô généreuse, tu donnes des rêves à mes nuits, des chants à mes mains, des buts à mes jours et des désirs solaires à mes rouges crépuscules. Tu donnes sans fin. Moi, je m'agenouille et je tends les bras pour recevoir ta grâce. Ô généreuse ! Je suis tout ce que tu veux. et je serai esclave ou roi selon que tu gronde ou souris. Mais c'est toi qui me fais être.
Cela, je te le redirai souvent, souvent. Mon aveu mûrira, toujours plus simple et nu. Et le jour où je serai parvenu à le faire parfaitement simple et où tu le comprendras simplement, sera le dernier de notre été. Qui durera même au-delà des jours de ton
René.
Aujourd'hui viendras-tu ?
Commentaires
Enregistrer un commentaire